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La France comme si...

17 avril 2015

"Il faut retrouver la République des Valeurs" interview d'Yvon OLLIVIER au Télégramme de Brest

Politique. « Il faut retrouver la République des valeurs » 10 avril 2015 / Propos recueillis par Yvon Corre / Politique. « Il faut retrouver la République des valeurs » Propos recueillis par Yvon Corre
Le logiciel français n'est plus adapté à la mondialisation : c'est le constat que fait Yvon Ollivier dans son nouvel ouvrage (*). Pour ce magistrat d'origine brestoise, « l'avenir est aux sociétés capables de faire avec leur diversité ». La France, écrivez-vous, a du mal à s'adapter à la mondialisation en raison d'un État trop fort.
En quoi cela constitue-t-il un handicap ?
La France repose toujours sur un État fort, protecteur, et sur un lien direct entre l'État fort et le citoyen. Mais dans la mondialisation, ça ne marche plus parce que ça ne débouche que sur un État hypertrophié, sur une surfiscalisation et l'endettement. Le temps des États-nations forts est terminé. Ça ne fonctionne plus. La France s'écrase contre le mur de la mondialisation. Comment sortir de ce qui semble être une impasse ? L'avenir est aux sociétés capables de faire avec leur propre diversité, d'être en paix avec elles-mêmes ; de déléguer des pouvoirs et des compétences à ses territoires. Or, la France est en guerre permanente contre elle-même, contre sa propre diversité. La France est devenue incapable d'intégrer les gens qui viennent d'ailleurs. Le seul rapport à l'autre est celui de la méfiance. On n'accepte pas la moindre différence. C'est l'étranger qui est responsable de tout.
Faut-il changer de République ?
Je crois à la République des valeurs. Il faut retrouver le sens des valeurs de la République. Aujourd'hui, on est dans l'incantation républicaine. On vit dans une société de plus en plus inégale. La France s'est construite sur l'égalité, or, aujourd'hui, on est dans le système le plus inégalitaire qui soit. Inégalités entre le centre et la périphérie, et inégalités entre les hommes. Il n'y en a plus que pour les élites parisiennes ou celles des grandes métropoles. Comment recréer de l'égalité ?
Il faut créer des contre-pouvoirs c'est-à-dire faire confiance aux hommes dans l'animation des territoires. Il faut repenser le rapport à l'autre et au territoire. C'est comme ça que l'on va insuffler de l'égalité dans le système. Y a-t-il urgence ? Oui, parce que la France est une société fracturée. Avec, comme conséquence, la montée des haines et du Front national. Je suis quand même assez pessimiste parce que faire évoluer le système est très difficile. Il faudrait que les élites recomposent le système mais, quand on est au sommet et que l'on contrôle tout, on n'a pas envie de le voir changer. « La France comme si... Ou l'improbable réforme du système jacobin » (Le Temps Éditeur). Imprimer Télécharger Envoyer

© Le Télégramme - Propos recueillis par Yvon Corre
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25 mars 2015

"La France comme si.. " à Tebeo et tebesud le 25 mars 2015

Retrouvez l'interview d'Yvon OLLIVIER, auteur de "la France comme si.." par Hubert Coudurier dans l'émission "l'invité" sur Tebeo et Tebesud, en lien ci-dessous?

 

http://www.tebesud.fr/?titre=yvon-ollivier&mode=numEmission&id=78783

8 mars 2015

"La France comme si..." : ouvrage remarquable sur les maux de notre temps et qui esquisse des solutions de bon sens...

L'improbable réforme du système jacobin

Publié le 6/03/15 12:36 par Jean Cévaër

[Nantes] —Le commentaire qui accompagne le titre de ce remarquable ouvrage souligne le problème auquel sont confrontés les peuples de ce pays, la désastreuse situation dans laquelle se trouve la France est maintenant connue de tous et en particulier de sa population qui en est la victime, la cause de ses malheurs est évidente, c'est le système politique, hyper-centralisé et, dans certaines de ses dimensions présentant les caractéristiques du totalitarisme.

C'est ce système qu'il faut changer avant qu'il ne soit trop tard et que l'irréparable ne se produise, mais ceux qui pourraient changer le système ou, à tout le moins le modifier, ce sont justement ceux qui en profitent et tout porte à croire que, comme les classes dirigeantes au XVIIIe siècle, ce qu'il faut bien appeler une oligarchie refusera de voir les menaces qui s'accumulent et ne changera rien à ce qui existe ou seulement à la marge et donc sans effet.

Le livre d'Yvon Ollivier est, d'abord un état des lieux et, ensuite un ensemble de recommandations, toutes de bon sens qui pourraient encore sauver un navire que des commandants incompétents ou aveuglés par l'idéologie ont dirigé vers les écueils.

Pour beaucoup la France semble être un état illégitime dans son fondement, car il s'est construit par la volonté de ses dirigeants d'assimiler progressivement les peuples qu'ils ont subjugués, presque toujours par la violence et souvent la violence la plus extrême et ce par une assimilation niant ce qui constitue la conscience, en fait l'essence de ces peuples, comme leur culture, leurs traditions, leur langue de façon à pouvoir les inclure, au cours des siècles, d'abord dans le domaine royal et ensuite dans la structure de l'état-nation républicain qui lui a été substituée.

C'est pour cacher, justifier et conforter cette apparente illégitimité que le pouvoir républicain a inventé le mythe d'une république « une et indivisible » qui est en fait, gravée dans le marbre, l'affirmation de l'inexistence des peuples qui ont formé la France et la suprématie du pouvoir hyper-centralisé et de sa capitale où se concentrent, par construction, tous les pouvoirs.

Circonstance aggravante, celle qui impose la croyance, pour justifier la toute puissance de l'état, à ce dogme qui veut faire croire au peuple que, contrairement aux autres nations, la nation française, a été, elle « créée par l'état ». C'est évidemment un non sens mais qui justifie que l'état ne soit pas au service de la nation, mais que ce soient les peuples qui forment la nation qui soient au service de l'état et, pour renforcer la sacralité de l'état il est couramment cité cette phrase apocryphe de Louis Quatorzième du nom, « l'état c'est moi », soulignant ainsi la continuité entre le « fiat » du monarque absolu et la toute puissance de l'état jacobin.

Car la force, la toute puissance, donc la souveraineté de l'état sont présentées comme la nécessaire protection des peuples, qu'en fait cet état asservit, protection aussi contre cette crainte viscérale de voir l'état-nation se défaire, d'une part, du fait de l'aspiration des peuples qui le constituent à leur légitime autonomie et, à tout le moins à la reconnaissance de leurs aspirations économiques, sociales, cultur elles et parfois linguistiques et d'autre part à la menace globale que constituerait la mondialisation.

Il est d'ailleurs étrange qu'un état qui fait profession d'universalisme soit tellement effrayé par une

réalité dont les origines remontent au moins au XVI e siècle et qui n'a fait que se développer aux cours des deux derniers siècles et dont les conséquence eussent dû être prévisibles pour ses dirigeants.

Donc, il est évident que le « modèle » de l'état-nation jacobin construit sur la négation des peuples qui le constituent, en fait sur la négation de « l'autre » dans sa différence, dans son altérité, ne soit plus adapté à la réalité du Monde actuel dans lequel, justement pour résister à l'uniformisation culturelle, tous les peuples veulent retrouver leurs racines historiques, culturelles et linguistiques. Mais voilà, les responsables de l'état-nation refusent le réel et en fait le nient. Ils devront un jour payer le prix de cet aveuglement.

Evidemment, de tous les peuples qui constituent la France ce sont les Bretons qui, au cours des siècles

posèrent les plus sérieuses menaces, d'abord pour l'unité du royaume, que cette province « réputée étrangère » se refusait à totalement intégrer et ensuite pour la légitimité de la république que beaucoup de patriotes bretons ont récusée et cela jusqu'aujourd'hui.

C'est ce qui explique la volonté du pouvoir jacobin d'éradiquer plus que toutes autres la langue et la culture bretonnes et, sous le régime de Vichy, de séparer administrativement la Loire-Inférieure, aujourd'hui Loire-Atlantique, des autres départements bretons. Une partition prorogée par tous les régimes depuis la Libération et qui sera encore aggravée par le projet de réforme administrative de l'actuel pouvoir.

La seconde partie de l'ouvrage d'Yvon Ollivier énumère les réformes de bon sens qui assureraient la survie de la nation française en proclamant la paix entre l'état et les peuples qui constituent la France, par l'acceptation de leurs différences, de leur diversité et par la confiance dans leur capacité à animer et à développer leurs territoires.

Il faut que demain l'intérêt général qui reflète aujourd'hui essentiellement les intérêts de l'oligarchie, ne soit plus imposé par l'état, mais soit défini par le peuple, exprimant ainsi l'intérêt de tous.

Dans cet esprit, même s'il existe une langue officielle dite de la république, les langues autochtones, dont certaines prédatent largement le français standard, doivent être reconnues et enseignées pour ce qu'elles sont, une autre vision du Monde qui enrichit la culture nationale.

Clairement, la clef de ce changement, faut-il écrire bouleversement, réside dans la simple application de la devise de la république.

D'abord la liberté, qui devrait aussi permettre à tous d'être ce qu'ils sont, Alsaciens, Basques ou Bretons, ce qui évidemment ne devrait pas exclure les Français d'origine étrangère qui, au motif d'assimilation sont souvent obligés de renier totalement leurs origines.

Ensuite, l'égalité, qui doit s'appliquer partout et à tous où cela est possible et, en particulier en ce qui concerne l'aménagement du territoire et la répartition de la richesse nationale.

Finalement, la fraternité, qui est vain mot dans un pays où « l'autre » est perçu comme un adversaire, où les discours de haine, les plaisanteries et les caricatures qui sont parfois des insultes à caractère racial, sont plus ou moins tolérés en fonction de leur compatibilité avec l'idéologie du pouvoir.

En un mot comme en cent, le pouvoir jacobin doit cesser de considérer que sa vision du Monde est plus vraie que la réalité, que c'est sa loi qui définit et proclame le réel, alors seulement la mondialisation sera jugée, aussi, sur les bénéfices qu'elle peut apporter à tous les peuples du Monde et non seule-

ment comme le moyen par lequel la réalité du Monde impose sa loi face aux dogmes jacobins.

Bien entendu, il faut aussi réformer le système éducatif dont les objectifs prioritaires sont d'enseigner à nos enfants l'admiration et la sanctification de l'état souverain et de former les élites dites républicaines, issues majoritairement de la progéniture de l'oligarchie.

La conclusion est évidemment pessimiste, les profiteurs du système, qui sont ceux qui le contrôlent et qui le gèrent ne peuvent pas ou ne veulent pas le changer, c'est donc le peuple, en fait les peuples de France qui le changeront, en espérant que ce sera sans aucune violence, mais quels qu'en soient les moyens ce changement est inéluctable.

Il faut citer les dernières phrases de l'ouvrage d'Yvon Ollivier : « La France ne peut plus ignorer la nocivité de ses dogmes unicitaires. Elle gagnerait tant à s'ouvrir à la vérité des hommes et des choses qui triomphe toujours au final du dogme et du mensonge. Contre ce qui soulève le cœur des hommes les murs les plus solides ne peuvent rien. Toujours, ils finissent pars s'effondrer ».

Jean Cévaër

« La France comme si… »

Ou l'improbable réforme du système jacobin

3 mars 2015

""la france comme si..." La lumière vient de Bretagne". Recension du livre par Rémy Kersauzon sur le site 7seizh

« La France comme si… » : la lumière vient de Bretagne.

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la-france-comme-si La France comme si... : la lumière vient de Bretagne.Le dernier livre d’Yvon Ollivier, paru mi-février, est un magistral et salutaire coup de poing sur la table politique. Suivant un raisonnement logique et grâce à une compréhension d’ensemble, il envisage la résolution du problème du rapport de l’état jacobin français au monde, en commençant par résoudre celui de son rapport à la Bretagne. Le tout est exprimé de façon claire et rationnelle. Il évite le piège de l’émotion nationaliste, confinant souvent à la simple posture, pour promouvoir le bien-fondé d’une action de la société civile.

Un léger regret : le titre. « La France comme si…ou l’improbable réforme du système jacobin » fait facilement penser à l’ouvrage « Le Monde comme si » de Françoise Morvan, œuvre souvent brandie par les ennemis des volontés émancipatrices régionales. Ce petit point de forme est sans doute un peu regrettable car le livre d’Yvon Ollivier n’a rien à voir avec une réponse à madame Morvan. Il tourne d’ailleurs la page des réactions à un livre commençant à dater. Il est d’un niveau et d’une énergie incommensurablement supérieurs, laissant celle qui ne s’est pas vu devenir la méchante fée Morgane sur le plan de la dispute sordide avec Boris Le Lay.

Parmi les points forts, une capacité de réflexion « hors cadre » permet à l’auteur d’appréhender la question bretonne hors du simple rapport à la France et par ce qu’elle apporte à la nécessaire intégration du pays dans l’ensemble mondial. Péché d’orgueil ? Non, simple signe des temps. Comme il l’écrit « Nous, Bretons, ne nous sentons plus coupables d’être ce que nous sommes et nous jetons ce regard accusateur à l’égard d’une centralité hostile.. » Les bretons ont changé, le monde autour de la France aussi.

L’ouvrage demande une autonomie de la Bretagne, principalement dans les domaines non régaliens. La notion d’indépendance à une époque où les pays européens se fédèrent s’avère quelque peu dépassée et peut conduire à l’inaction. C’est encore plus vrai dans l’idée de l’auteur d’une véritable souveraineté mondiale à long terme : « Si le système mondial est déséquilibré au profit du capital et de la finance, c’est moins en raison du moins d’état que d’un tropisme souverainiste qui s’oppose à la formation d’une véritable communauté politique et démocratique universelle ». Dans cette perspective, il parle essentiellement et longuement de la France, avec l’acuité d’un regard critique breton. Il pointe notamment du doigt l’incohérence de l’enfermement jacobin dans un mythe de la France éclairant le monde avec la réalité du positionnement du pays dans l’évolution mondiale. Depuis la dérive jacobine de la révolution, la volonté de nier les identités provinciales relève du rêve d’une humanité autre que ce qu’elle est. Voilà le péché d’orgueil originel. C’était une erreur il y a 225 ans, cela l’est encore plus à présent.

Le dialogue est-il possible entre ceux qui demandent la simple reconnaissance de leur altérité et ceux qui leur répondent sous forme d’incantation « vous êtes un tout unique » ? Même si l’auteur propose une solution de bon sens, il est pessimiste sur la capacité de réforme de la France, en particulier de ses élites bourgeoises de gauche ou de droite, trop confortablement installées. Le système en place court à la faillite économique. L’avènement prévisible du Front National semble l’aboutissement logique d’un jacobinisme centralisateur et inadapté, qui reste le problème de fond.

« La France comme si… » est un livre sans concessions. Il critique le « régionalisme mièvre » qui, sous couvert d’identité bien vécue, évite de faire le constat de la poursuite de l’œuvre d’étouffement inutile de la Bretagne. Il ne cite le livre « Être Breton ? » de Jean-Michel Le Boulanger que vers la fin. Bien moins consensuel, Ollivier évoque la colonisation de la Bretagne et critique le terme de « nationalisation » des peuples utilisé par Le Boulanger. Dans les souhaits les deux auteurs se rapprochent. Ils démontrent également à tous ceux qui refusent l’existence de la Bretagne que la pensée bretonne n’a jamais été aussi forte, vive et moderne. Mais si l’un ne se fait aucune illusion (« La république ne veut pas de la Bretagne ») et ne nourrit d’espoir que dans le sursaut de la société civile, l’autre croit, ou au moins croyait, aux transferts de compétences, à l’expérimentation et ne critique que « certaines élites ».

L’ouvrage d’Yvon Ollivier paraît après la trahison des élites bretonnes (particulièrement à gauche, il faut le reconnaître) dans le cadre de la réforme territoriale. Le redécoupage des régions n’est qu’une fumisterie alarmante s’attaquant à une organisation qui n’a jamais fait l’objet de critiques de la part de la cour des comptes. Il a, fugitivement, dissimulé sous l’illusion de la volonté de réforme, l’enfermement renforcé de la caste au pouvoir dans le système injuste et parisiano-centré dont elle profite au détriment de l’ensemble français. Sans vergogne mais dans une arrogance tranquille, Paris décide de devenir le Grand Paris et récompense ses soutiens locaux par l’octroi de métropoles à son image. Les sensibilités régionales sont bafouées alors que les perspectives de réduction d’une fonction territoriale pléthorique par la disparition des départements, trop brièvement envisagée, disparaissent au profit des intérêts électoraux à court terme du système en place. Contrairement aux affirmations aussi commodes que sans fondement, le retour aux frontières d’ancien régime pour certaines provinces n’aurait fragilisé qu’une unicité décrétée en central et aurait renforcé une unité souhaitée.

Que tous ceux qui cherchent la bonne inspiration pour sortir de l’impasse politique d’une France mal organisée lisent « La France comme si… » sans modération.

1 mars 2015

Grand jeu-concours sur 7seizh à l'occasion de la sortie du livre "la France comme si..."

https://www.facebook.com/7seizh?fref=nf

Répondez au quizz "la France comme si.. " 

Trois questions aux réponses étonnantes et gagnez un exemplaire du livre...

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27 février 2015

mars 2015 ; les dates à retenir de "la france comme si..."

- Mercredi 11 mars 2015 à 14 H : emission "bretagne zone heureuse" sur alternante. Inteview littéraire de l'auteur de "gueule cassée" et "la france comme si" par Yves Averty de l'agence culutrelle bretonne de Nantes.

- Samedi 21 mars 2015  à 17 H, rencontre café littéraire avec l'auteur des ouvrages "gueule cassée Lom ar geol" et 'la france comme si..." en partenariat avec la librairie Vent d'ouest à Nantes . ( bâtiment face à la librairie).

27 février 2015

interview de l'auteur de "la france comme si.." par l'Agence Bretagne Presse

Nantes] —

Yvon Ollivier
Yvon Ollivier
Yvon Ollivier, vous sortez un nouvel ouvrage intitulé « la France comme si.. » chez Le Temps éditeur qui traite notamment de l'insertion de la France dans la mondialisation. La mondialisation n'a pas bonne presse, est-ce vraiment une chance ? Et quelle place pour la Bretagne ?

Je ne raisonne pas en termes de chance, mais plutôt en termes de constat. La mondialisation, nous y sommes ! C'est un fait car les économies sont intégrées. La mondialisation est le produit d'un ordre juridique international qui repose avant tout sur les Etats-nations. Ce sont eux qui en sont à l'origine, par volonté ou par faiblesse devant les forces de l'économie et de la finance. Qu'on le déplore ou non, il nous faut donc nous débattre. Il y a des territoires qui s'en sortent bien lorsque d'autres périclitent.

La mondialisation, c'est le mur contre lequel s'écrase le système juridico-politique français. Le système français était redoutable à l'ère des Etats-nations. Aujourd'hui, c'est un poids dont la France paie le prix fort. Je ne pense pas qu'il y ait grand avenir pour les sociétés tournées contre leur diversité, leurs territoires et donc contre les hommes dans la mondialisation et la concurrence qu'elle génère. La France souffre d'une sphère publique hypertrophiée que nourrit le besoin de protection et de grandeur. Elle ne parvient qu'à se réformer en surface, jamais en profondeur, lorsque les autres Etats nations le font. Elle ne peut résoudre ses contradictions que par une pression fiscale accrue et l'endettement, car elle manque cruellement d'unité.

Quant à la Bretagne, comment pourrait-elle réussir lorsque son territoire demeure coupé en deux, que la fracture entre l'est et l'ouest est appelée à s'intensifier avec la métropolisation ? La Bretagne en tant qu'institution est un nain politique et juridique qui ne dispose pas des leviers du développement. Dans ce système centralisé, la Bretagne n'est qu'une variable d'ajustement au service d'autres intérêts. Et pourtant, elle a des atouts inestimables avec sa géographie, ses ressources maritimes et l'esprit d'initiative et de solidarité de sa population. Vu de l'étranger, on se demande pourquoi la France est incapable d'oser la Bretagne…

Le reste du monde a choisi le libéralisme économique, comment s'y adapter ?

J'essaie d'être lucide. Les Etats ont renoncé au contrôle politique de la finance internationale. Une fois passée la crise financière, les habitudes spéculatives ont repris comme avant. L'Etat protège de moins en moins. Le système de protection social français se délite sous nos yeux. Je pense que la seule manière de réguler la mondialisation de l'économie et d'obtenir une protection sociale décente se situe désormais au niveau supranational, ce qui suppose d'importants transferts de souveraineté. Il faut reconstruire un ordre juridique international, plus multilatéral et démocratique et mettre fin au concert des nations qui entrave toute avancée protectrice. C'est la même chose au niveau européen. C'est par plus d'Europe que nous pourrons restaurer une concurrence loyale et mettre en place un socle social protecteur commun.

Vous parlez d'absence d'unité et pourtant la population française s'est montrée unie après les tragiques attentats du mois de janvier 2015 ?

Il y a en France un fort besoin d'unité car elle en manque. La nation construite historiquement contre sa propre diversité, sous l'égide des plus hautes valeurs -l'égalité, l'universel- aboutit logiquement à l'inverse du résultat recherché avec la formation progressive d'une élite - une sorte d'aristocratie républicaine- coupée du peuple comme vient de l'illustrer encore l'échec de la réforme territoriale.. Dit autrement, la République a perdu ses vertus émancipatrices mais fonctionne sur le mode de l'incantation pour mieux préserver des rentes de situation sociale, économique, culturelle et aussi politique.

Or la seule manière de réunir les hommes en France, ce n'est pas sous l'égide de l'unicité ou de l'éradication de tout ce qui dépasse, mais par la vertu émancipatrice des grandes valeurs à retrouver. C'est tout l'enjeu de l'intégration. On n'intègre jamais que lorsque l'on ne doute pas de soi, de ses propres valeurs. La France, nation politique ne peut être que du côté des valeurs.

Or aujourd'hui, nous avons la France de la crainte et de l'unicité, en laquelle la diversité humaine ne peut se retrouver. Cette France unicité déshumanise à petit feu et ne créée pas d'unité, juste une forme de totalité qui nourrit la haine. Pour moi, la République doit libérer, émanciper, au risque de bousculer les rentes de situation. Elle doit avoir confiance dans les hommes et les territoires. Il ne sert à rien d'avoir une République qui marche au pas lorsque son école est en échec total sur le terrain de l'égalité des chances. Il n'y aura pas plus d'unité, bien au contraire.

Comment peut-on vous définir ?

Je me considère avant tout comme un militant du genre humain. Car la domination culturelle, économique, territoriale et sociale que nous subissons en Bretagne est de celle que l'on n'aborde pas facilement. C'est un peu la face cachée des choses, l'impensée ou l'impensable. Et je reste persuadé que l'humanité, si elle veut se donner quelques chances de paix voire de survie, doit penser l'impensable. Dit autrement, il revient à chaque nation de penser sa face sombre, car elles en ont toutes une. Il leur revient de penser toutes les formes de domination surtout lorsqu'elles s'inscrivent dans les fondations du droit. En fait, je me demande comment peut-on ne pas être militant breton lorsque l'on est soucieux du lien entre les hommes et de démocratie comprise comme empathie ou respect des droits fondamentaux.

Peut-on voir dans ce nouvel ouvrage une référence en creux à l'ouvrage de Françoise Morvan ?

Pas du tout. Il n'y a aucune référence à chercher de ce côté-là. Les travaux anti-bretons de Françoise Morvan ne m'intéressent pas, hormis la virulence et la haine qu'elle voue à son identité bretonne. Car là on touche à quelque chose d'important. La haine qu'elle voue à son identité bretonne et donc à elle-même, trahit un rapport d'aliénation singulier, et toute la violence psychologique qu'a subie notre peuple et qui se traduit par un processus de retournement contre soi dont nous n'avons pas encore pris toute la mesure.

Et la démocratie dans tout cela ? Vous parlez beaucoup de souveraineté partagée, comment peut-on la définir ?

Nous avons fait l'apprentissage de la démocratie avec la France, sur le mode de l'indivisibilité de la souveraineté nationale, mais le moment est venu pour nous d'aller plus loin car la démocratie désormais tourne à vide. Elle nous est pour ainsi dire confisquée, comme vient de l'illustrer cruellement la réforme territoriale. Nos élus se bornent à soutenir les décisions de la centralité au lieu de faire remonter les aspirations du peuple. Le principe démocratique repose sur la séparation que procurent des formes de reconnaissance statutaire, qui doivent permettre à chacun de prendre les décisions qui ne concernent que lui. Je rêve d'une Bretagne dotée des compétences lui permettant de développer son territoire, de sauvegarder ses langues et culture, bref de faire entendre sa voix singulière.

En Bretagne, nous avons conscience des enjeux liés à la sauvegarde de notre culture et au développement de notre territoire, mais nous n'avons pas les moyens légaux de réagir. Au niveau planétaire, les hommes ont conscience des dangers qui menacent la survie de l'humanité, mais ils n'ont pas les moyens légaux pour prendre les décisions appropriées. Dans les deux cas, c'est l'indivisibilité de la souveraineté qui est en cause. Seul le partage de la souveraineté, en permettant aux hommes de prendre les décisions qui les concernent, au niveau adapté, permettra de changer la donne.

Je crois que l'avenir de l'humanité est au partage. Au partage des ressources, des connaissances, comme au partage de la souveraineté. Il n'est rien de pire que les notions d'absolu, d'indivisibilité, ou d'unicité. Avec ces concepts-là, nous sommes sur le versant de la totalité, et non sur celui de l'unité. ■

18 février 2015

Comlafrancecommesi

14 février 2015

11 février, sortie du livre "la france comme si..."

http://7seizh.info/2015/02/13/yvon-ollivier-signe-la-france-comme-si-ou-limprobable-reforme-du-systeme-jacobin/

6 janvier 2015

"La France comme si... ou l'improbable mutation du système jacobin" ouvrage d'Yvon OLLIVIER à paraître février 2015

 

La France est un vieux mythomane qui ne
craint rien tant que le réel. La réforme n’est
pas simple pour la nation qui porte en ses
fondations la négation de peuples et la ruine
d’une diversité parmi les plus foisonnanteen Europe.

Et si l’incapacité de la France à
s’adapter à la mondialisation résultait de la
crainte viscérale de se défaire ?
Pour cette raison, elle persiste à trouver le
salut dans l’Etat-nation souverain, fort, centralisateur
et protecteur. Qu’on le veuille ou
non, ce modèle jacobin n’est plus conciliable
avec la mondialisation, qui avantage les nations
en paix avec elles-mêmes, confiante en
leur propre diversité et dans la capacité des
hommes à animer leur territoire. La France
ne pourra éternellement se comporter comme
si… l’Autre n’existait pas.
Yvon Ollivier est magistrat. Il est l’auteur en
2012 d’un essai remarqué par la critique intitulé
la désunion française (éd. l’Harmattan)
et en 2014 d’un roman, Gueule cassée (éd.
Yoran Embanner) sur les fractures engendrées
par « la Grande Guerre ». Il est devenu
aujourd’hui l’un des symboles de ceux qui
luttent contre une réforme territoriale qui
nie les identités et les cultures

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La France comme si...
  • Blog lié à la parution de l'ouvrage d'yvon Ollivier : "la France comme si ... ou l'improbable mutation du système jacobin" aux éditions Le temps, 2015, afin d'échanger sur les différents thèmes explorés par l'ouvrage.
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